Rapport d’ICAN: Quels budgets sont consacrés aux armes nucléaires dans le monde?

/ juin 16, 2022/ Coalition belge contre les armes nucléaires

En 2021, le monde a dépensé plus de 156 000 dollars par minute en armes nucléaires.
14/06/2022
 - ICAN

En 2022, les comprimés d’iode ont été épuisés dans les pharmacies européennes, la population s’est renseignée sur les abris antiatomiques, des gouvernements ont publié des informations pour se protéger de possibles attaques nucléaires. L’invasion de l’Ukraine par la Russie, et ses menaces explicites d’utiliser des armes nucléaires, a donc suscité peur et anxiété sur le continent européen et dans le monde entier

La Campagne internationale pour l’abolir les armes nucléaires (ICAN) estime que les neuf pays dotés de l’arme nucléaire ont dépensé 69,83 milliards d’euros (soit 82,4 Mds $) en 2021 pour un arsenal nucléaire mondial de 13 080 armes nucléaires ; ce qui équivaut à 132 916 € par minute (soit 156 841 $/min) et à une augmentation de 5,5 Mds € (6,5 Mds $) par rapport à 2020. 

 • Les États-Unis : 37,45 Mds €, soit 71 266 €/min, (44,2 Mds $, soit 84 094 $/min) ;

 • La Chine : 9,91 Mds €, soit 18 919 €/min, (11,7 Mds $, soit 22 325 $/min) ; 

• La Russie : 7,28 Mds €, soit 13 814 €/min, (8,6 Mds $, soit 16 301 $/min) ; 

• Le Royaume-Uni : 5,76 Mds €, soit 10 909 €/min, (6,8 Mds $, soit 12 873 $/min) ;

 • L’Inde : 1,94 Mds €, soit 3 656 €/min, (2,3 Mds $, soit 4 315 $/min) ;

 • Israël : 1,03 Mds €, soit 1 961 €/min, (1,2 Mds $, soit 2 315 $/min) ; 

• Le Pakistan : 958 millions €, soit 1 822 €/min, (1,1 Md $, soit 2 151 $/min) ;

 • La Corée du Nord : 544 m €, soit 1 034 €/min, (642 millions $, soit 1 221 $/min).

Les armes nucléaires n’assurent pas la sécurité internationale. Elles ont, au contraire, renforcé la Russie dans sa volonté d’enfreindre le droit international, y compris le droit international humanitaire, en agressant un État, l’Ukraine, qui a un partenariat stratégique avec l’OTAN.

La plupart des pays du monde ont choisi de ne pas jouer le futur de leur population avec des armes inhumaines et illégales. Quatre-vingt-six États ont signé le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) — dont soixante et deux sont États parties — pour montrer leur opposition à l’utilisation et à la menace d’utilisation de l’arme nucléaire. Ces États et la société civile vont se réunir en juin 2022 à Vienne pour la première réunion du TIAN.

Entreprises participants à la production de systèmes d’armements nucléaires et Centres de recherche

Au moins 128 milliards € (151,2 Mds $) de contrats, en cours, sont liés au développement, à la maintenance, à la fabrication, à la production et au déploiement d’armes nucléaires. Ces entreprises d’armement ont réalisé d’importantes actions de lobbying (es7mé à 99,15 millions €, soit 117 m $) pour faire pression sur les gouvernements et financer des études de Centres de recherche afin de pérenniser la politique de dissuasion nucléaire. 

Ces organisa6ons devraient cesser d’accepter l’argent des entreprises ayant des intérêts directs dans le maintien des forces de dissuasion. Dans cebe abente, les lecteurs de leurs rapports doivent se demander si les publications émises ne sont pas influencées par leurs bailleurs de fonds…

La première réunion des États par-es au Traité des Na-ons unies sur l'interdic-on des armes nucléaires

Les débats internationaux sur les armes nucléaires réalisé par les partisans de la politique de dissuasion ont traditionnellement été dominés par des arguments géopolitiques, avec la volonté de montrer que ces outils permettent d’assurer un équilibre géostratégique et une sécurité nationale. Mais, la prise en compte en 2010 par la Conférence des États parties au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) des « conséquences catastrophiques sur le plan humanitaire qu’aurait l’emploi d’armes nucléaires » et la nécessité de réaffirmer pour tous les États le respect « en tout temps du droit international applicable, y compris du droit international humanitaire » a fait basculer les débats en faveur d’une obligation d’interdire et d’éliminer ces armes de destruction massive. 

Le 7 juillet 2017, une écrasante majorité de 122 États adopte le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Celui ici atteint en octobre 2020 le seuil nécessaire des 50 ratifica7ons, assurant (« 90 jours après », ar7cle 15) son entrée en vigueur le 22 janvier 2021. Les armes nucléaires sont depuis illégales au regard du droit international. 

Cette nouvelle norme du droit international humanitaire et du droit du désarmement, applicable à l’échelle mondiale, pose des jalons en vue de l’élimination des armes nucléaires. Elle constitue une avancée concrète vers la mise en œuvre pleine et entière des obligations existantes en matière de désarmement nucléaire, en particulier celles fixées par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), qui reste la pierre angulaire de la lutte pour la non-prolifération et le désarmement nucléaires. C’est également le premier instrument juridique visant à remédier aux conséquences humanitaires catastrophiques de l’utilisation et de la mise à l’essai d’armes nucléaires.

 • Le TIAN vient ainsi changer la perspective des armes nucléaires pour interdire expressément et catégoriquement d’employer, de menacer d’employer, de mettre au point, de produire, de mettre à l’essai et de stocker de telles armes. Il fait aussi obligation à tous les États parties de ne jamais aider, encourager ou inciter quiconque, de quelque manière que ce soit, à se livrer à l’une ou l’autre des activités interdites au titre de son article premier.

 • Le Traité fait aussi obligation aux États parties de fournir une assistance, notamment des soins médicaux, une réadaptation et un soutien psychologique, à toutes les victimes relevant de leur juridiction sans discrimination, de veiller à leur insertion sociale et économique, et aussi de prendre des mesures pour assainir les zones contaminées par suite de l’utilisation ou de la mise à l’essai d’armes nucléaires.

Au 13 juin 2022, 62 États ont ratifié le traité et une trentaine d’autres États signataires ont lancé leur processus de ratifications : Thaïlande, Guyana, Saint-Siège, Nouvelle Zélande, Nicaragua, Palau, Palestine, Samoa, Saint-Marin, Autriche, Îles Cook, Costa Rica, Cuba, Gambie, Mexique, Uruguay, Vanuatu, Venezuela, Vietnam, Antigua-et-Barbuda, Bangladesh, Bolivie, Dominique, Équateur, Salvador, Kazakhstan, Kiribati, Laos, Saint-Vincent-et-Grenadines, Sainte Lucie, Panama, Maldives, Afrique du Sud, Trinidad-et-Tobago, Belize, Botswana, Fidji, Lesotho, Namibie, Irlande, Nigeria, Niue, Paraguay, Saint-Christophe-et-Nevis, Malte, Malaisie, Tuvalu, Jamaïque, Nauru, Honduras, Bénin, Cambodge, Philippines, Comores, Seychelles, Chili, Mongolie, Guinée-Bissau, Pérou, Côte d’Ivoire, Congo, Guatemala.

La première réunion des États parties (1MSP) au TIAN se tiendra du 21 au 23 juin à l’Office des Nations unies à Vienne, Autriche. Outre la participation des États membres, il faut noter la présence de nombreux États observateurs (par exemple Allemagne, Brésil, Finlande, Norvège, Suède, Suisse et Singapour) ; un statut qui offre un moyen de participation aux États intéressés pour suivre les débats et exposer leur position lors de la réunion. En parallèle des événements sont organisés par l’État autrichien (conférence des parlementaires et conférence humanitaire le 20 juin) et par la campagne ICAN (Forum de la société civile 18/19 juin). 

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