La « dissuasion nucléaire » et sa destruction mutuelle assurée, a longtemps servi d’alibi à cette menace permanente pour la vie sur Terre. Cette doctrine affirmait que les armes atomiques ne seraient jamais utilisées, or aujourd’hui tout est fait pour présenter l’utilisation d’armes nucléaires comme possible, voire acceptable. De nouvelles doctrines militaires préconisent de les utiliser comme avertissement ou dans des conflits conventionnels. De nouvelles « mini » bombes sont produites à cet effet. Dont les B61-12 destinées à équiper les futurs chasseurs belges F35.
Le nombre de pays possédant l’arme nucléaire se multiplie et les Traités qui réduisaient la quantité de ces armes sont dénoncés ou arrivent à terme. Cette situation inédite, comme la possibilité de l’acquisition de telles armes par des terroristes, en accroît l’extrême dangerosité, particulièrement pour les pays hôtes comme la Belgique. (lire l’Appel #nonukes.be complet)
L’arsenal nucléaire mondial est monté jusqu’à plus de 70.000 têtes au plus fort de la “guerre froide’. Il est aujourd’hui estimé à 27.000 têtes intactes dont environ 16000 actives.
Cependant le nombre de “puissances nucléaires” est passé de quatre à neuf multipliant par autant le risque de la plus absurde conclusion à l’aventure humaine. Le danger d’une escalade nucléaire suite à un des nombreux conflits en cours ou déjà programmés est réel. Le risque d’accident existe (vol de charges ou de matières fissiles) et s’est maintes fois vérifié (fausse manœuvre humaine ou dysfonctionnement technique, etc.).
Pire, la possibilité d’une “guerre nucléaire accidentelle” existe elle aussi. Conséquence éventuelle d’une simple erreur technique ou d’interprétation des systèmes de détection et d’alertes militaires, comme cela s’est régulièrement produit. A un tel point que le risque de “guerre nucléaire spontanée” est un concept militaire qui donna lieu à plusieurs conférences entre les deux superpuissances, afin de tenter d’en réduire le risque par différentes procédures, dont le fameux “téléphone rouge’. Ou quand la survie de l’humanité ne tient qu’à un fil !
Des milliers de têtes longues portées sont toujours placées en “lancement sur alerte’ ce qui rend possible à tout moment le déclenchement d’une apocalypse strictement “accidentelle’. Il ne s’agit pas de spéculation. Le 25 janvier 1995, une fusée de recherche norvégienne fut identifiée par erreur comme un missile nucléaire hostile par le système de détection russe. La planète ne doit sa survie qu’à un (bref) éclair de lucidité du président Eltsine qui estima improbable une attaque nucléaire de la part de ses nouveaux amis. Si cet accident s’était produit en pleine guerre froide ou autre période de tension, vous ne liriez pas cette phrase.
Si une guerre nucléaire est déclenchée, ce sera probablement « par hasard », à la suite de tensions et/ou de la mauvaise interprétation d’un phénomène, ou d’un incident mineur déclenchant une cascade de conséquences non maîtrisées, que l’arme nucléaire sera utilisée.
“L’histoire récente fourmille de ces escalades hasardeuses maîtrisées par miracle.
En 1962, par exemple, un sous-marin soviétique croisant au large des côtes de Cuba fut repéré et encerclé par des bâtiments étasuniens — qui ignoraient qu’il était porteur d’engins nucléaires. Pour le contraindre à faire surface, ils lui envoyèrent des grenades sous-marines, conformément à un protocole de crise conclu entre les deux superpuissances. Sauf que le commandant du sous-marin ignorait tout du deal et que les communications avec Moscou étaient interrompues. Dans sa coque, où la température dépassait maintenant les 50 °C, le commandant pouvait riposter en lançant ses engins nucléaires contre la flottille. Le commissaire politique donna son feu vert. Mais pas un troisième personnage, Vassili Akripov, un officier d’un rang un peu moins élevé que le commissaire mais qui, hiérarchiquement, était au-dessus du commandant du sous-marin. Le submersible fit donc surface et l’incident en resta là. Que se serait-il passé en l’absence du troisième homme, qui se trouvait là un peu par hasard ? Peut-être a-t-on échappé à une guerre nucléaire ce jour-là.
Plus récemment, un autre incident a manqué se terminer en catastrophe. Le 13 janvier 2018, les habitants de l’archipel d’Hawaï ont vécu 38 minutes d’enfer lorsqu’un message d’alerte a été diffusé (radio, internet…) leur annonçant qu’un missile balistique se dirigeait vers eux et qu’il ne s’agissait pas d’un exercice d’alerte. On imagine l’angoisse des habitants au fur et à mesure que les secondes s’égrenaient. Il s’est avéré plus tard que le déclenchement de l’alerte ne résultait pas d’une erreur grossière. Il avait été pris sur le fondement de vidéos mal interprétées. On était passé à deux doigts d’une catastrophe ! « On s’en est sorti grâce à la chance », a résumé à propos de ce type d’incidents l’ancien secrétaire étasunien à la Défense Robert McNamara, qui n’était pourtant pas un pacifiste.” (Reporterre)
“Le 13 janvier 2019, à Hawaï, ce message s’est affiché sur les écrans de smartphones. La cause ? Une erreur humaine : un fonctionnaire a cru qu’il s’agissait d’une réelle attaque, quand il ne s’agissait que d’un exercice. A Hawaï, l’alerte a semblé d’autant plus crédible qu’elle s’inscrit dans la joute verbale, sur fond de menace nucléaire, que se sont livrés Donald Trump et King Jong-un par médias interposés.
Par chance, cette fausse alerte n’a pas eu de conséquences graves, mais elle est le témoin d’une période de tension. La Doomsday clock, l’horloge où 00h indique la fin du monde, vient d’être avancé à deux minutes avant minuit : une heure qu’elle n’avait pas affichée depuis 1953, lorsque la Russie et les États-Unis testaient leurs premières bombes à hydrogène.
En réalité, ce n’est pas la première fois que de fausses alertes sont à un cheveu de déclencher une catastrophe nucléaire mondiale qui éradiquerait l’espèce humaine. Simple erreur humaine (après tout Jimmy Carter lui-même aurait laissé les codes nucléaires dans sa veste envoyée au pressing) ou informatique, les documents déclassifiés des États-Unis comme de l’ex-URSS ont souvent permis de découvrir avec effroi que tout s’était joué, parfois, au bon sens d’une seule personne pour éviter la troisième guerre mondiale. ” (France Culture)
Date | Lieu | Accident | |
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1950, 5 août | Californie, États-Unis. | Un bombardier B-29 s’écrase sur un terrain de camping après son décollage. 19 morts, la bombe reste inactive. | |
1950, 10 novembre | Océan Pacifique. | Largage d’urgence d’une bombe en mer, sans explosion. | |
1950, 11 avril | États-Unis, (Nouveau-Mexique ?). | Un bombardier B-29 s’écrase contre une montagne et brûle. Aucune explosion. | |
1950, 13 février | Au large de la côte Pacifique du Canada. | Un bombardier B-36 largue d’urgence une bombe en mer, sans explosion. | |
1950, 13 juillet | Ohio, États-Unis. | Un bombardier B-50 s’écrase. La charge explosive classique de la bombe saute, l’étage nucléaire reste inactif. | |
1956, 10 mars | Méditerranée. | Après l’échec d’un ravitaillement en carburant, un B-47 porteur d’armes nucléaires disparaît sans laisser de trace. | |
1956, 27 juillet | Grande-Bretagne. | Un B-47 heurte, en atterrissant, un bunker d’armes nucléaires. Les bombes seront endommagées mais n’exploseront pas. | |
1957, 11 octobre | Floride, États-Unis. | Un B-47 s’écrase avec une bombe dont la charge nucléaire n’est pas amorcée. L’avion brûle et la charge classique explose. | |
1957, 28 juillet | Océan Atlantique. | Deux bombes sont larguées d’urgence en mer, sans explosion. Elles ne seront jamais retrouvées. | |
1958, 4 novembre | Arkansas, États-Unis. | Un B-47 s’écrase après le décollage. Le matériel nucléaire n’est pas endommagé. | |
1958, 5 février | Géorgie, États-Unis. | Largage en catastrophe d’une bombe par un B-47 après une collision avec un chasseur F-86. Pas d’explosion. | |
1958, 11 mars | Mars Bluff, Caroline du Nord, États-Unis. | Une bombe atomique est larguée par erreur et tombe dans un jardin. Explosion de la charge classique. La maison est détruite et les habitants grièvement blessés. | |
1958, 26 novembre | Louisiane, États-Unis. | Un B-47 brûle au sol et émet une faible radioactivité du fait du matériel embarqué. | |
1958, 31 janvier | Maroc. | Un B-47 portant une bombe H s’écrase et brûle. Pas d’explosion nucléaire, mais émission de rayonnement alpha qui entraînera une évacuation de la population. | |
1959, 6 juillet | Mississippi, États-Unis. | Un C-124 s’écrase avec à son bord une bombe nucléaire. Faible émission radioactive. | |
1959, 15 octobre | États-Unis. | Un B-52 entre en collision avec le KC-135 lors d’un ravitaillement en vol. Une bombe intacte et une partiellement brûlée seront retrouvées dans les débris de l’appareil. | |
1959, 25 septembre | entre l’État de Washington et de l’Oregon, États-Unis. | Une bombe atomique est perdue lors de l’amerrissage d’urgence d’un P5M. | |
1960, 7 juin | McGuire Air Force Base de New Egypt, New Jersey. | Une cuve d’hélium explose et fissure les réservoirs d’un missile de défense anti-aérienne BOMARC-A, muni d’une tête nucléaire. Le feu fait fondre peu à peu le missile et le plutonium, libéré de l’ogive nucléaire, contamine le complexe et les eaux souterraines. | |
1961, 14 mars | Près de Yuba City, Californie. | Un bombardier B-52 transportant deux armes nucléaires s’écrase pendant une mission d’entraînement. Aucune explosion ni contamination n’a lieu. | |
1961, 24 janvier | Près de Seymour Johnson Air Force Base, Goldsboro, Caroline du Nord. | Article détaillé : Écrasement d’un B-52 à Goldsboro. Un bombardier B-52 explose en plein vol, relâchant deux bombes nucléaires Mark 39. Une des bombes tombe dans un champ boueux et s’enfouit à sept mètres de profondeur ; l’autre tombe en douceur après avoir ouvert son parachute. Après étude, il est établi que cinq de ses six dispositifs de sécurité n’ont pas fonctionné : un simple commutateur a empêché l’explosion de cette bombe nucléaire de 2,4 mégatonnes. Une portion enfouie de l’arme contenant de l’uranium n’a pu être récupérée : l’armée a acquis le terrain et fait régulièrement des tests. | |
1964, 13 janvier | Près de Cumberland, Maryland. | Un bombardier B-52, avec deux missiles nucléaires à bord, s’écrase au sol. | |
1965, 5 décembre | Océan Pacifique. | Un avion A-4 Skyhawk transportant une arme nucléaire B43 tombe à la mer, avec son pilote, à près de 350 km des côtes japonaises. Il ne fut jamais retrouvé. | |
1965, octobre | Rocky Flats Plant au nord-ouest de Denver, Colorado. | Un feu durant un ravitaillement en carburant d’un avion expose un groupe de 25 personnes à dix-sept fois la limite légale de rayonnement. | |
1966, 17 janvier | Palomares, en Espagne. | Article détaillé : Incident nucléaire de Palomares. | |
1968, 21 janvier | Thulé, Groenland. | Article détaillé : Accident de Thulé. | |
1977 | Près des côtes de Kamtchatka, en Russie. | Le sous-marin soviétique K-171 largue accidentellement une ogive nucléaire. Après une fouille impliquant des douzaines de navires et avions, l’ogive fut retrouvée. | |
1980 | Arkansas. | Article détaillé : Explosion d’un missile Titan à Damascus. Un missile balistique intercontinental Titan II équipé d’une tête nucléaire explose dans son silo. |