Ne regardez pas l’éclair (événement)
« Ne regardez pas cet éclair. » Cette recommandation pour éviter de perdre la vue au moment de l’explosion d’une bombe atomique provient d’une brochure britannique des années 1960, pleine de bons conseils censés préparer la population à une alerte nucléaire : un document qui en dit long d’un nouvel horizon de la catastrophe et des tentatives de l’apprivoiser. Cet horizon a engendré tout un imaginaire que le cinéma de fiction a exploité, retravaillé ou interrogé dans des films marquants ; le cinéma documentaire, quant à lui, permet d’en explorer d’autres perspectives au niveau de la forme et du fond. Les découvrir permettra d’aiguiser la vue… et de regarder de près cet éclair.
À notre époque où l’armement nucléaire redevient un sujet de grande actualité (a-t-il jamais cessé de l’être ?), dans un contexte international où la régie de certains États est confiée à des personnes imprévisibles et sans scrupules et où les intérêts économiques valent plus que toute considération éthique, il nous a semblé important de rappeler les multiples enjeux de la plus grande arme de destruction massive du monde –
en commençant par Hiroshima et Nagasaki, évoqués avec force dans Plus jamais d’Hiroshima, Wähle das Leben et Prophecy.
Le film-fleuve The Journey de Peter Watkins en analyse les suites, les rémanences et les résurgences, en élargissant le propos aux questions plus générales : la course à l’armement et les dépenses militaires, la destruction de l’environnement et, surtout, le rôle des médias et les défaillances du système éducatif par rapport au contexte géopolitique.
Les 26 films de cette programmation permettent de creuser ces aspects et bien d’autres encore. Avec l’invention de la bombe atomique, les dangers liés au savoir scientifique atteignent leur paroxysme (Le Savoir dangereux) ; les tests nucléaires menacent des populations entières (dans les films de Herbrich et de Leuvrey) ; les armes nucléaires ne cessent pas de proliférer (Peter Greenaway) malgré les contestations des mouvements pacifistes (Karel Reisz, Anand Patwardhan) ; l’humanité est désormais en mesure de s’autodétruire et cela nous fait entrer dans une nouvelle ère, d’après Günther Anders (séance HIROSHIMA IS EVERYWHERE).
La bombe atomique concerne aussi la Belgique : dans son film Snake Dance, Manu Riche nous apprend que derrière l’éclair de « Little Boy » qui a détruit Hiroshima et tué 200 000 personnes, on trouve l’uranium du Congo belge… Les Américains, quant à eux, ont attaqué de différentes manières la question de l’armement nucléaire : quelques bijoux expérimentaux rendent palpable l’angoisse qui régnait pendant la Guerre Froide (Lipsett, Myers) ; The Atomic Cafe remploie des films de propagande à la fois hilarants et effrayants ; dans Missile, Frederick Wiseman nous montre en cinéma direct l’entraînement des jeunes lanceurs de bombes, leur discipline et leur idéologie.
Plus d’informations: http://www.cinematek.be/?node=389&event_id=100215302