Macron invite les pays européens à un dialogue stratégique sur la dissuasion nucléaire

/ février 7, 2020/ #nonukes.be, Coalition belge contre les armes nucléaires

Vendredi 7 février, le président Macron a dévoilé la nouvelle stratégie française de dissuasion nucléaire lors d’un discours à l’académie militaire de Paris. Maintenant que le Brexit est devenu réalité, la France est la seule force nucléaire de l’UE. Le président Macron y voit une ouverture pour favoriser une coopération européenne renforcée dans le domaine de la défense. Dans le cadre d’une telle coopération, il a invité les pays européens à un dialogue stratégique sur le rôle des armes nucléaires françaises dans la politique de sécurité européenne.

Le désarmement nucléaire est en crise après le retrait des États-Unis et de la Russie du traité INF, les États-Unis menacent de ne pas renouveler le nouveau traité START et le JCPOA est en danger depuis un certain temps. De plus, les grandes puissances nucléaires ont toutes amorcé un mouvement de modernisation majeur de leur arsenal d’armes nucléaires. Un mouvement qui aura également des conséquences sur les armes nucléaires américaines qui déployées à Kleine Brogel. Il est hypocrite de la part des cinq puissances nucléaires d’exiger que le reste du monde adhère aux accords nucléaires internationaux, alors qu’eux-mêmes ne prennent aucune mesure de désarmement. Si la France veut vraiment jouer un rôle de pionnier dans la politique européenne de défense et soutenir le multilatéralisme, elle doit rejeter les armes nucléaires.

Le danger d’une nouvelle course aux armements est réel. Bien que la stratégie de dissuasion nucléaire suggère souvent que les armes nucléaires ne doivent jamais être utilisées, nous constatons aujourd’hui que les armes nucléaires tactiques sont développées de manière à être plus ciblées et plus faciles à déployer. Ce qui abaisse clairement le seuil d’utilisation des armes nucléaires. Ces armes sont de plus en plus considérées comme un moyen de combattre et de gagner des guerres plutôt que comme un moyen de dissuader l’adversaire. Sans oublier les risques d’accidents.

Dans un système international instable et croissant, où les conflits régionaux n’ont fait que s’intensifier ces dernières années, une telle course aux armements est un danger existentiel. Les conséquences humanitaires d’une guerre nucléaire -même limitée- seraient catastrophiques et signifieraient la fin de notre société telle que nous la connaissons. Le Comité international de la Croix-Rouge a confirmé qu’aucun pays au monde n’est en mesure de s’y préparer. De plus, les impacts climatiques et agricoles mettraient en danger 2 milliards de vies humaines.

Dans ce contexte, la réaffirmation de la stratégie de dissuasion nucléaire est extrêmement préoccupante. Le temps n’est plus à la dissuasion mais à la reprise des négociations et du désarmement nucléaire. Si la Belgique prend au sérieux le Traité de non-prolifération (TNP), elle ne peux permettre une telle doctrine nucléaire européenne. En effet, le TNP nous oblige à poursuivre les négociations sur le désarmement, et non à augmenter le nombre d’États participant à la menace d’utiliser des armes de destruction massive. Les États européens doivent donc prendre leurs responsabilités , contrairement à ce que prétend Macron, la menace de destruction nucléaire n’est en aucun cas une stratégie réaliste pour parvenir à une Europe plus sûre.

Si nous voulons empêcher l’Europe ne redevienne un champ de bataille à grande échelle, nous devons opter pour désarmement et rechercher des solutions diplomatiques. La seule façon de garantir la paix est d’interdire les armes nucléaires et donc de signer et de ratifier le Traité des Nations Unies sur l’interdiction des armes nucléaires. Si la Belgique veut s’enggager de manière crédible pour le désarmement nucléaire, elle ne peux répondre pas à la proposition de Macron mais, au contraire, elle doit la refuser fermement et prendre des mesures concrètes pour désarmer.